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...LE RESTE...
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27 avril 2006

No calls please

No calls please. Dernier hiver à se saouler au Cinzano. Draps défaits comme la mia facia...Laisse-moi profiter du peu de bonheur qu'il nous reste. C'est triste le dernier jour d'une idylle qui prétendait se moquer du temps. On range les affaires dans la valise, on ferme le sac, on vérifie que la brosse à dent n'est pas restée dans la salle-de-bain, on se dit "quelle misère" cette baignoire où hier encore on jouait à qui y resterait le plus longtemps, la tête sous l'eau, sans respirer.
C'est triste d'ouvrir les rideaux, de voir par la fenêtre les immeubles droits et fins de Rome, pareils à des échasses, les balcons recouverts de linge, les habitants accoudés, immobiles comme des pots de fleurs, qui regardent vers la place. Et en bas, la rue, la bien étroite rue, la rue faite pour les couples illégitimes qui laissent des traces d'eux sur les murs, un regard volé, un cri, une larme, des rires en pagaille qui montent comme les odeurs de cuisine. C'est triste de penser qu'on ne les entendra plus ou alors d'autres, ailleurs, dans un nouvel hôtel, dans une nouvelle ville. Eux ne seront pas pour nous. C'est triste de te voir, affairée et malhabile, redevenir une autre de ces figures solitaires qu'on croise dans les gares. C'est triste l'Italie au mois de Janvier, même avec le soleil.

On pourrait laisser aussi une trace, un signe connu de nous seulement, un léger signe, un souvenir, une cicatrice aimable, par exemple nos initiales inscrites au crayon derrière le tableau cloué au dessus du lit. Tu en dis quoi? Deux lettres minuscules, pas même majuscules, derrière cette chose assez infâme au regard, qui représente un paysage vert, tâché de gouttes jaunasses figurant les rayons d'un soleil ironique. O sole mio, combien d'images, combien oui, combien de nos vies aussi, heureuses et malheureuses, passées et présentes, brûlent dans ton foyer perpétuel?

Cette croûte, darling, ne vaut rien, I swear. Tu as un crayon dans ton sac? C'est toujours étrange le sac d'une femme. C'est une papeterie, une parfumerie, une miroiterie, une librarie, une poste restante, tout à la fois. Tes crayons, tes stylos -tiens?- un effaceur aussi. Tes carnets, petit format (20, 30, 40 pages) grands et petits carreaux. Ton Guerlain. Ton Soupault, ton Dylan Thomas avec des morceaux de journaux -l'osservatore romano entre autre- en guise de marque-page. Sur la page 190 du Georgia, Epitaphes, Chansons de Philippe Soupault (édition poche), vingt lignes à propos d'un peintre romain à qui tu as griffonné des moustaches sur la photo Reuters qui accompagne l'article déchiré.

[tbc]
bureau 

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Commentaires
L
Il est bien le titre de ton blog là... Ne change plus rien ! :)
L
Oh ! Tu as rajouté un bout, non ? <br /> J'avais fait ça aussi dans un appart au bord de la mer du Nord avec mon frère, on avait écrit une formule magique derrière un vieux tableau et l'année d'après on avait vérifié, elle était toujours là...
...LE RESTE...
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