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...LE RESTE...

...LE RESTE...
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6 juillet 2006

Just this time

La voix aigue de Klaus Nomi me fait penser à cet été en Californie, à la nuit dans San Francisco, à la radio dans la voiture louée et ce bruit qui prenait les autres bruits en otage, ce bruit de ta respiration quand tu t'arrêtais de parler.

Les mains sur le cuir du volant, tu me montrais d’un coup de menton à droite le grand immeuble du FBI dont l'ombre brillante glissait alors sur le pare-brise et semblait entrer à l’intérieur de l’habitacle.

Tu prenais chaque soir la sortie en direction de l’autoroute. Sur la highway les voitures filaient, elles nous dépassaient.  On roulait, on ne faisait que rouler, et la seule chose qu’il me restait pour m’occuper c'était d’écouter une chanson en boucle dans mon walkman et de regarder les rubans luminescents des automobiles qui défilaient sur l'asphalte chaud et d’ouvrir ma fenêtre et de sentir l'air lourd et de me tenir penché en avant avec la vague envie de vomir et sentir alors ta main sur mon épaule et ta voix enfin qui dit: ça va?


Quand les télés s'allumaient dans les motels, les histoires du monde continuaient encore, et nous étions allongés sur un lit et je te demandais de me parler, et tu prenais la télécommande et tu éteignais, tu te retournais, tu te taisais, et j'ouvrais un journal, et je me taisais aussi. Un temps passait. C’était le son du ventilateur qui me réveillait. Tu dormais. Sur le plafond je voyais les lignes qui ressemblaient à d'autres lignes, et au loin on devinait les aboiements de chiens et le crissement des freins d'une voiture. Je me demandais ce qu’on pouvait bien foutre ici toi et moi, un peu enfermés, un peu trop silencieux dans ce pays.

Chaque jour tu regardais ton passeport qui n'est pas le même que le mien. Chaque jour tu crachais du sang sous la douche. Chaque jour tu perdais un peu plus ta voix. Un jour tu ne parlerais plus. Ils pourraient t’arrêter, tu n’aurais rien à dire, plus rien à dire.

On ne fuyait pas. Tu n’aimais pas que je pense à cela. Tu me disais : c’est une promenade.

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12 juin 2006

To love or not to love coca cola.

coca

Je pense que je n'aime pas le coca. Je pense. Je n'en suis pas certaine. Je ne sais pas comment on est certain de ces choses là, un jour, qu'on n'aime pas le coca. On essaye. On en boit, un peu, un peu plus. On s'arrête. On pousse le verre. On fait une grimace. On a 8 ans. On aime pas le coca. Mais alors pas du tout. On essaye encore à 10 ans, à 15 ans, à 25 ans. On aime toujours pas. C'est plein de bulles. Ca sent le médicament, ça a comme le goût de la citrate de bétaïne pour corriger les maux de ventre. C'est vraiment dégueulasse. Ca grignote les dents, ça assèche la langue, ça donne des renvois. Je n'aime pas le coca. Et pourtant. Tout le monde boit du coca. Il y a des pubs partout. C'est que ce doit être bien le coca. Puisque tout le monde en commande, tout le monde en sirote, tout le monde en remplit les caddys dans les grands supermarchés. Ne pourrais-je pas me forcer un peu? Peut-être que je finirais par aimer, par adorer. Peut-être.

Je pense que j'aime le jus de pamplemousse. Je pense. Je n'en suis pas certaine. C'est venu comme ça, un jour. Il y avait du jus de pamplemousse à une table où j'étais assise et j'en ai bu et j'ai bien aimé. Je n'ai pas adoré tout de suite, mais ce goût amer d'agrume ne m'a pas laissée indifférente. J'ai bu lentement. Il faisait beau, je me souviens. C'était un été tranquille, un été qui ressemblait à l'Italie en pleine campagne française, alors que je détestais ou croyais détester la campagne, toujours morne à mes yeux, même sous le soleil. Mais là, je ne sais pas, à cause du jus de pamplemousse, à cause du ciel si beau, si bleu, j'ai aimé cette campagne vide, un peu sauvage, même très sauvage à bien y regarder, à y regarder de très très près. Et le jus de pamplemousse dans le petit verre à moutarde. J'aimais. Et aussi ce sentiment excitant de la découverte du pamplemousse en jus. Alors qu'il y en avait toujours eu autour de moi, toujours plein, chez les amis, à l'école, au lycée, à la fac. A côté du coca.

Dans quelle catégorie dois-je me ranger? Les buveurs occasionnels de coca? Les buveurs discrets de jus de pamplemousse? Je ne sais pas. Je ne suis pas décidée. Je me demande ce qui pourrait me décider. Ca paraît simple comme chose à faire, a priori, mais rien n'est jamais simple pour moi. Je suis un peu compliquée. Ca n'embête pas beaucoup de gens. Ca m'embête à moitié. D'être compliquée. Ca a aussi des avantages. On réfléchit deux ou trois fois plus à ce qu'on fait, aux choix qu'on prend. Ca n'empêche pas forcément d'être spontané, d'aimer les surprises. Ce doit être un truc d'anxieux. Etre compliqué. Se torturer les méninges et finir par aimer le faire, finir par trouver ça marrant.

Parce que trouver une réponse à une question aussi banale que le choix entre le coca et le jus de pamplemousse est un prétexte. Drôle. Le problème n'en est pas un en tant que tel, évidemment. Quand j'ai soif, je bois ce qui me tombe sous la main, et si c'est du coca, eh bien, c'est du coca. C'est buvable, ça ne me tue pas. Ce n'est pas un choix qui porte à grandes conséquences. Maintenant, une fois cela admis, remplacez coca par 'la peine de mort', ou bien par 'la Foi' ou bien encore par 'les hommes'. Soudainement les choses paraissent moins simples, non?

J'avais une bonne fois pour toutes décidée que certaines questions étaient résolues. Dossier clos. Je n'y reviendrais plus. L'amour, le sexe, la politique, tout cela était bien résolu, net, un peu conformiste par certains aspects, mais l'époque le voulait, l'âge aussi, l'âge des décisions définitives. Alors pourquoi remettre les choses en cause aujourd'hui, au moment le plus innoportun, au moment où de chaque côté on me pousse, sagement, à ne plus n'en faire qu'à ma tête? C'est étrange. Je ne sais pas d'où ça vient ni où ça va. Surtout où ça va. Cette remise en cause, ce doute, ce questionnement des choix d'avant. S'agit-il d'un retournement? Non, pas vraiment. Ca n'en a pas l'allure. Ca ne donne pas le tournis. Ca ne met pas la tête à l'envers. S'agit-il d'une fausse piste? Qui peut le dire? Il faut aller au bout et voir, on ne sait pas avant, il n'y a pas d'indications, pas de signes en chemin pour dire attention. S'agit-il encore et toujours de cette incapacité à se défaire du poids de la norme? Cette norme représentée par les gens autours de soi, qui eux-mêmes (sans s'en douter le moins du monde) représentent la société. S'agit-il de cela donc, de la douleur de l'écartement entre un choix et une norme qui ne se rencontrent pas, qui ne s'entendent pas, qui ne se ressemblent pas?

Mais j'en suis presque sûre. Je n'aime pas le coca. J'en bois encore. Occasionnellement. Mais je n'aime pas.

Voilà déjà un avancement.

6 juin 2006

In the box

- Vous venez souvent ici?
- HEIN?
- VOUS VENEZ SOUVENT ICI?
- QUOI? ON EST DANS UN COUVENT?
- Laissez tomber.
- HEIN?

...C'est pas grave, je lui dis, et lui il n'entend pas. Forcément à cause de la musique. Ils bougent tous comme les chiens en plastoc scotchés au pare-brise. La gerbe. L'autre tâche me fait signe. Quel branleur. NON CA VA, JE SUIS BIEN LA, JE FINIS MA BIERE. S'en fout de toute manière. Con.
Oui...c'est ça, casse-toi bonhomme, vas-y, du vent, du vent... On va lui sourire pendant qu'il nous regarde. Ouais, bonhomme, ouais, ouais, t'es marrant aussi, allez à la tienne, Etienne, eh, eh.
Quel débile.

Je me fais chier.

Allô? Je peux parler à Julie? Allô? ALLÔ? OUI JE SAIS, ON ENTEND MAL! Julie est là? JULIE. (Merde, quelle conne cette bonne femme). C'EST ARNAUD MADAME. ARNAUD! (connasse). ARNAUD! (vais pas lui épeler en plus...) (Connasse). Vous savez quoi? Je vais téléphoner plus tard. PLUS TARD!!(Débile).

Bordel.
Putain, quelle musique de merde.

Clope. Clope. Clôôpe.
Clope? Clope ou pas clope?
J'sais pas. Ji-si-pas. Allez, clope? clôôpe! Aaaallez!!
(Allume)
WAAA, OHHHH...
Ca fait du bien.

Je me fais chier.

Marrante cette gonz sur le dance floor (danceu flooreu). C'est son mec? Tête de tarlouze. Salut, t'es métrosexuel? Ta meuf te prête sa crème de nuit? Tu lui passes ton after shave le matin? Ah, ah.

Cons.

Mates-moi le groupe qui débarque! Matriiix. C'est quoi ça? Des colombiens? Donde esta la drogua les gars? Warf. Z'ont des têtes de méchants. Vais aller pisser ailleurs moi. Z'ont des paluches de criminels. Vont nous arroser à la kalachnikov ou au bazooka. Vont pas faire de quartier. Ca va saigner, saigner grave. Tatatatata...Exécution sommaire. Z'ont pas l'air du tout commode les types. En même temps, un peu d'animation ce s'rait pas mal. Vu l'ambiance de réunion de casse-couille qu'on se tape depuis trois heures. On dirait un déjeuner d'enterrement - T'sé pas où est le cimetierre? - Ben, c'est ici, mec, tu l'as trouvé.
Le DJ? Mates! L'a fait exploser son forfait U.V. - L'a fait les magasins pendant cinq plombes pour se dégotter un costard à te faire rêver! - Cash - Paillette - L'a pris une douche à l'eau de cologne. Une allumette et c'est Noêl. Le DJ? Bon à flinguer. PAN! Et la barmaid? Comme somnifère, y'a pas mieux. Dé-pri-mante! Mon-mec-m'a-larguée-j'en-veux-à-la-terre-entière. Tu-veux-pas-parler-avec-moi-hey-tu-veux-bien-je-te-sers-un-verre-gratis-c'est-moi-qui-régale. PAN! Elle aussi. Pour l'exemple. 

- HEY, T'ES TOUT SEUL? T'ES LONELY?

(Barre-toi.)

- HEY, TU VEUX DANSER UN PEU?

(C'est ça, fais moi marrer. C'est pas interdit aux mineures ici? Et la culotte, tu l'as oubliée à la maison, avec la carte d'identité?)

- NON, J'ATTENDS QUELQU'UN!
- T'ES PAS UN PEU CHIANT COMME MEC, TOI?

(J't'en pose des questions, moi? Allez, vire-toi, vilaine).

Me fait chier. Me fait chier, chier, chier.
CHIER.

Et aaaallez... la B.O. des Choristes...Gnagnagna...."caresse sur l'océan"...gnagnagna...Bandes de pédophiles. L'est où le Champomy? Manque plus que ça. Mais dans quoi j'ai débarqué?
J'ai chaud. C'est Dakar ici. C'te chaleur!!
Et aaaallez... Le p'tit train... Dans trois minutes c'est la danse des canards et puis p'tète la Macarena, p'tète la Lambada aussi, et puis pourquoi pas, hein, pourquoi pas, une ch'tite Sokadance, hein? Z'êtes d'accord les mecs? Et puis Saga Africa hein, pour finir bien. 

Ringards!

Looping!! On a trouvé la doublure de John Travolta. Quel travelo! Putain ce déhanchement! Le regardent tous. Fascinés qu'ils sont. Bouches bées. Hyp-no-ty-sés. L'en faut pas beaucoup pour les impressionner. Me dit pas que ça, -CA- c'est des potes de Julie? Me dit pas ça!

Merde! Plus de bière. Rah. Pas envie d'aller en commander une à la barmaid. Déjà eu assez de mal à me dépatouiller de son bla-bla de dépressive. Vais avaler ma salive. Sport. Vais faire comme tout le monde, vais me rouler une pelle solo, et avaler ma salive. Super désaltérant. J'adore.
Putain. Quelle chiotte cette boîte. Plus de clope. Vais pas taper l'autre chiante. A coup sûr elle me refile son numéro. Je-crois-bien-qui-s'est-passé-un-truc-entre-nous-non?-t'es-pas-d'accord? Si, si...t'es 'achement 'achement intéressante. T'es...putain, t'es super fascinante. Viens avec moi, on va partir dans un ashram. Y'en a marre de cette société de merde qui nous spolie (l'est bon ton coca?). Y'en a marre de cette course au fric, à l'artifice (t'es zara ou HetM?). Y'en a marre. Les gens se parlent plus (fermes ta gueule, moi je veux juste baiser). Y'en a marre de faire toujours la même chose et d'entendre toujours la même chose (tais-toi, c'est mon disque préféré...tu connaîs pas? t'es né où ducon?). Y'en a marre. (T'as raison. Y'en a marre).

- TU PEUX TE POUSSER?

Woh, woh, on se calme, okay. Il est à toi ce tabouret? Y'a ton nom dessus? Tu l'as construit avec tes tites mimines? T'es charpentier comme Jésus? Dis, tu veux pas faire un miracle et disparaître?

Je me fais trop trop chier.

- SALUT!
- QUOI?
- RIEN, JE DIS JUSTE SALUT. T'AS QUEL AGE?
- 28, POURQUOI?
- ???? T'ES TROP TOP VIEUX. T'AS TROP 10 ANS DE PLUS QUE OUAM. 

C'est ça! Minaude, minaude. Tu veux voir ma carte vermeil aussi? Hein! DEBILE! C'est ça, ouais, tu peux te casser. Vas-y. De toute façon t'es moche, et je fais pas dans la jeunesse, MOI. Je fais encore moins dans la CONNERIE. Et j'espère que tu M'ENTENDS! Tu peux aller te trémousser avec les colombiens, ça me fait rien. BON DEBARRAS! RACISTE! Ouais, c'est du racisme anti-vieux! ALLUMEUSE!

- HEY P'TITE BITE, C'EST A MA COPINE QUE TU PARLES?
- OUAIS (...wow, t'es drôlement grand toi).
- T'AS PAS L'IMPRESSION D'ETRE MALPOLI?
- OUAIS...ouais, peut-être un peu...mais-euh-c'est-elle-qu'à-commencé-et-tu-me-fais-pas-peur-nan.
- J'AI PAS ENTENDU?
- CA VA. C'EST BON. (deux secondes et j'tallonge. T'as de la chance que je sois pas en forme). ON OUBLIE.
- J'PREFERE CA.

Vais me barrer. Ca va pas tarder.

- ARNAUD?!
- HA, ha enfin te voilà. Tu foutais quoi? T'imagine pas depuis combien de temps je poiraute ici comme un con. Non, t'imagine pas. Tu réponds pas à ton portable? T'as vu c'tendroit? Je te signale que je me casse. JE ME CASSE.

- CA FAIT UNE HEURE QU'ON T'ATTEND!

5 juin 2006

Lalalala...

et lalalala y'a pas de soleil!
je m'en fous
je suis enfermé dans la cave.

5 juin 2006

Comment cela va t-il finir?

Je monte l'escalier, il tourne. C'est un escalier qui tourne, un escalier étroit, hautes marches. C'est un escalier étroit. Si on croise quelqu'un on doit redescendre pour laisser passer, ou alors quelqu'un (lui ou elle) doit remonter, à reculons, et une fois qu'on arrive à l'étage où l'on voulait arriver, quelqu'un (lui ou elle) peut descendre. Je monte l'escalier étroit, hautes marches, l'escalier qui tourne, et je monte sans croiser personne, sans doute parce qu'il est tard et que c'est une bonne raison, je me dis, une bonne raison de ne croiser personne. D'ailleurs tant mieux, l'escalier est étroit, je suis au quatrième, je vais au sixième, je ne me vois pas croiser quelqu'un (lui ou elle) et dire "bonsoir" et, par simple politesse, redescendre quatres étages qu'il faudra remonter ensuite en espérant ne rencontrer personne encore. Je pense "ouf" parce que je suis déjà au cinquième, parce que je suis essouflée, les marches sont hautes quand même. Il ne reste qu'un étage. Je guette les bruits, surtout les bruits de porte, surtout les bruits de pas; qu'ils viennent des étages du dessous ne me dérange pas, je serais ennuyée s'ils venaient de plus haut, du sixième ou du septième étage. Mais il n'y a pas de bruit, ni de porte, ni de pas. Non, pas un seul bruit, juste celui de mon souffle lourd, juste celui de mes pas à moi.

Quand j'arrive au sixième toutes les portes sont fermées sauf une, et justement c'est celle devant laquelle je me trouve, celle contre laquelle j'étais censée frapper deux coups, puis attendre quelques secondes (on m'avait dit entre 10 et 15 secondes, j'avais compté 12) et frapper un nouveau coup, sec, et attendre encore cette fois sans rien faire jusqu'à ce N. m'ouvre. Mais la porte est déjà ouverte et ma main reste abrutie dans le vide, devant une porte qui devait être fermée, une main abrutie parce qu'elle ne sait pas ce qu'elle doit faire elle, elle qui s'apprêtait à frapper, mais qui en fin de compte ne peut pas, alors finit par aller dans la poche de mon manteau cette main abrutie et un peu triste, si les mains ont des sentiments, ce que je crois.

La porte est ouverte et je sais que je ne devrais pas, puisqu'on ne m'avait pas parlé de porte ouverte, mais j'entre. J'entre parce que la porte ouverte me donne envie de savoir pourquoi, parce que j'ai envie de m'assoir et que je ne veux pas m'assoir dans l'escalier, trop peur que quelqu'un passe et me reconnaisse. Alors j'entre, j'entre dans le silence d'une pièce plongée dans la pénombre, et la porte, comme par un effet de magie innatendu, la porte se referme derrière moi. Je sursaute. Je me retourne. La porte est fermée. Ma main voudrait frapper, frapper les deux coups, attendre 15 secondes (en compter 12), et frapper un coup sec et attendre qu'on ouvre. Mais c'est stupide. Le silence retombe. Il retombe vite. La porte s'est fermée avec un peu de bruit mais pas tant que cela. Le silence était déjà là, immense, alors une porte qui se ferme, même doucement, même assez lentement et comme par un effet de magie innatendu, oui, cela ne fait pas vraiment de bruit dans le silence immense, mais ça surprend et ça fait sursauter.

Il y a un lit défait. Il y a une fenêtre. Il y a un lavabo dans le coin et des bagages dans l'autre coin, et un parapluie dans un autre, et des vêtements sales dans le dernier coin de la pièce. Il y a deux oreillers, des livres sur la couverture, trois livres, et derrière la fenêtre les nuages qui passent, qui regardent peut-être curieusement, n'ayant rien d'autre à faire, qui regardent devant, à l'intérieur de cette fenêtre, regardent cette pièce silencieuse et un peu désordonnée, et regardent aussi peut-être cette silhouette (la mienne) cette silhouette qu'ils ignorent et qui est au milieu de la pièce, debout au milieu, et qui semble attendre.

J'attends, je ne sais pas quoi, mais j'attends. Toujours le silence. Toujours les nuages. Toujours. Et mes jambes fatiguées. Et ma main dans la poche du manteau. Et cet air stupide dans ma tête, le même toujours le même depuis le matin, cet air qui passe et repasse, qui m'occupe le cerveau, empêche le cerveau de penser, mais pourquoi, et à quoi bon puisqu'il n'y a rien à penser, ici dans le silence, ce silence, la porte fermée, la chambre en désordre, les nuages qui regardent, et cette attente sans but précis, une attente pour rien, je pense, pour rien. Il n'y a personne, j'essaye de me convaincre, il n'y a personne, la porte est toujours ouverte, il n'y a pas de coups à frapper, il n'y a pas de secondes à compter, rien, puisqu'il n'y a personne, personne à attendre.

Il faut sortir. Puisque rien à attendre. Puisque personne. Il faut sortir. Personne ne va ouvrir puisque personne n'a ouvert. Personne ne va dire bonjour et serrer dans ses bras. Personne. Je ne suis plus chez moi. Je n'étais pas chez moi. Jamais chez moi. A cause de la porte fermée, toujours fermée, et cet escalier étroit où il ne fallait pas s'assoir même quand les jambes tiraient, surtout quand les jambes tiraient. Pas chez moi. Alors pourquoi rester? Pourquoi attendre encore, faire comme si, alors que c'est fini, fini maintenant, la chambre est à quelqu'un d'autre, je ne reconnaîs rien, sauf la fenêtre que j'ai regardée tant et tant de fois, les nuages, les mêmes je le croyais, puisque je croyais que tout était toujours pareil à chaque fois, la porte, les bras qui serrent, le lit, la fenêtre, et les nuages, toujours pareil et toujours tout serait pareil, comme à chaque fois.

Mais cette fois non. Non. Plus rien. Alors quoi? S'assoir. Refaire les mêmes gestes? Refaire les mêmes pas? Retourner à la fenêtre, regarder à travers, regarder les nuages? Refaire les mêmes choses? S'allonger. Revoir les mêmes mouvements dans le flou, derrière le voile des larmes. Entendre encore l'autre souffle près du mien. Entendre un rire étouffé. Attendre encore. Attendre les bras qui serrent, serrent fort, creusent la peau, la mienne. Attendre les baisers. Attendre. Refaire les mêmes choses? Redire les mêmes mots? Les mots toujours pareils, toujours pareils, toujours pareils. 

C'est terminé.

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4 juin 2006

On avance...

airbus

..Mais avancez!
Je veux bien moi, avancer, comme vous dites, mais c'est impossible, au moins pour le moment, à cause des gens devant, des gens qui prennent leur temps et n'avancent pas, et voilà la raison pour laquelle nous restons là, immobiles, voilà la raison pour laquelle nous n'avançons pas.
Vous ne pouvez pas leur dire d'avancer?
Je peux tout à fait leur dire d'avancer si c'est que vous voulez.
C'est ce que je veux en effet parce que j'ai une correspondance et je suppose que les gens qui devant vous n'avancent pas, ces gens-là n'ont pas correspondance. Et ce n'est pas eux qui me rembourseront si je manque ma correspondance.
Je leur ai dit. Je viens même de le leur redire.
Et alors?
Alors ils m'ont répondu que ça bloquait devant eux.
C'est leur excuse? C'est ça leur excuse? Que ça bloque devant? Ils se foutent du monde!
C'est leur réponse. Je n'y peux rien, vous non plus et, s'ils disent la vérité, et pourquoi mentiraient-ils, alors eux non plus n'y peuvent rien. Ne vous inquiétez pas on finira bien par avancer. Personne ne reste dans un avion.
On est bien avancé! Quel emmerdement! Bon sang, personne ne peut rien faire? Où sont les hôtesses? Où est ce foutu équipage? AVANCEZ!
Ne criez pas ça ne sert à rien. Puisque je vous explique que les gens sont bloqués. Ils font comme ils peuvent mais ils sont bloqués. Si on n'avance pas c'est qu'il y a une raison.
Une raison? Pfff. S'il y avait une raison on le saurait, on nous l'aurait dit, quelqu'un, je ne sais pas, le commandant de bord aurait fait une annonce, il nous aurait dit: on n'avance pas. Et voilà.
Mais on avance un peu quand même, non?
Vous êtes optimiste monsieur! J'ai fait trois pas, je les ai comptés. Trois pas! Rendez-vous compte: un, deux, trois. En dix minutes! Trois pas. Et ma valise est lourde.
Posez-là.
Non. Je veux qu'elle tire mon bras. Je veux qu'elle le tire tant de son poids si lourd que mon bras en sera tout ankylosé, et lorsque je descendrais de cet avion je vais montrer mon bras au premier responsable venu, si j'ai la chance d'en trouver un, ce qui, pardonnez-moi, est comme trouver un poil de cul dans la bouche d'un canard, mais bref, si j'en trouve un de responsable, je lui ferais porter ma valise pendant que je lui montrerais mon bras ankylosé et mes doigts blancs à force que le sang ne les irrigue plus, mes doigts déformés, alors que je suis pianiste! Je suis pianiste et il le saura parce que je lui dirais en lui demandant de me dire pourquoi ça n'avançait pas alors qu'il n'y avait pas de raison que ça n'avance pas, bon sang! non, aucune raison sinon on l'aurait dit et personne ne dit rien dans cette cabine, personne, les gens ne bougent pas.. si..ah si! ils avancent un peu, vous faites trois pas avec eux, en dix minutes. Dix minutes! C'est absurde!!

Moi Monsieur j'ai attendu une fois plus d'une heure dans un avion sans avancer. On nous a dit plus tard que l'avion avait de l'avance et que rien n'était prêt à l'aéroport, que personne ne s'attendait à cela, à cette avance. Alors on attendait, mais on ne savait pas, alors on attendait debout, sans avancer alors qu'on en avait de l'avance, tout cela pendant une heure.
Vous ne me rassurez pas.
Je suis derrière vous. J'attends aussi. Je ne peux pas vous rassurer. Je vous dit juste que ça ne sert à rien de crier et de râler. Quand cet épisode est arrivé, quand j'ai attendu une heure sans avancer, des gens se sont mis à crier au bout de 15 minutes, mais ça n'a servi à rien; des gens se sont battus aussi, vous comprenez à cause de l'énervement, du fait qu'on avancait pas, mais là non plus, ça n'a servi à rien, juste à leur faire mal, et aussi à nous embêter parce qu'ils se donnaient des coups de sac et que nous en recevions aussi de leurs coups. Je vous dis Monsieur, le mieux est d'attendre. Ca finira bien par avancer, croyez-moi. L'autre Monsieur a raison: personne ne reste dans un avion.
J'espère que vous avez raison. Mais je vais me plaindre. C'est scandaleux, c'est honteux de laisser les gens debouts comme ça. Ca n'avance à rien. Il aurait mieux fallu nous dire de rester assis.
Vous pouvez vous assoir, si vous voulez.
Non. Je suis resté assis pendant plus de 10 heures, je ne vais pas me rassoir maintenant, ce serait idiot, je veux juste avancer.
On avancera.
Si on pouvait le faire maintenant ce serait mieux.
On avancera.
Je vous crois. Vous avez de l'expérience. Une heure sans avancer c'est quelque chose!
Je vous remercie. C'était quelque chose en effet. Quand j'y pense.
Pour moi c'est impensable. Une heure! C'est le temps que durent mes concerts.

Ca bouge!
Ca bouge?
Ca bouge!
On avance?
Oui, je crois bien qu'on avance.
Enfin!

Ah, non. C'était une erreur. C'est une dame qui s'est évanouie.
Comment cela évanouie?
Hypoglycémie me dit-on. Comment ca va vous? Comment ca va derrière?
Hypoglycémie? Et personne ne fait rien?
On ne peut pas avancer. Si on pouvait on ferait quelque chose. D'ailleurs ce serait bien qu'on essaye de faire quelque chose parce que, j'y pense maintenant, cette femme va nous bloquer ensuite et nous empêchera d'avancer quand on pourra avancer et qu'il s'agira d'avancer. Elle nous bloquera. On ne pourra pas avancer.

Y'aura qu'à lui passer par dessus. C'est ce qu'on avait fait quand on a attendu une heure sans avancer. Un monsieur a fait un malaise au bout de trois quarts d'heure. On lui a marché par dessus en sortant. Il fallait qu'on avance. Moi ça me faisait un peu mal de marcher par dessus ce monsieur par terre, mais il fallait bien qu'on avance sinon on aurait encore attendu sans avancer et peut-être que d'autres gens auraient eu des malaises. Heureusement le monsieur n'y est pas resté. Personne ne reste dans un avion.
C'est vous qui le dites. Moi j'en connais des gens qui y sont restés dans un avion, qui y sont morts.
...

Hey! Pssst. Pssst.
Oui, quoi?
Vous savez pourquoi on avance pas?
Je ne sais pas. Prenez du recul. Il y a des jours comme cela où rien n'avance.

31 mai 2006

Da Vinci Code

Le code de Vinci est partout. Cette histoire est aussi vraie que celle qui suit.

Un train. Un compartiment. Trois passagers.

- Bonjour monsieur, vous avez l'heure s'il vous plaît?
- Oui. C'est l'heure de dormir.
- Ah? je ne savais pas.

- Monsieur, pardon, l'autre monsieur me dit qu'il est l'heure de dormir, et pour vous?
- Il est l'heure qu'il était tout à l'heure plus deux, non, attendez, plus trois minutes.
- C'est à dire?
- C'est à dire que vous me cassez les pieds. Vous n'avez qu'à vous acheter une montre. C'est un comble cela, les gens qui voyagent sans montre.
- Ah? je l'ignorais. J'ai perdu ma montre. On me l'a volée.
- Et alors? Vous croyez que ça m'intéresse?
- Non. Mais c'est la raison pour laquelle je vous demande l'heure.
- Je vous l'ai donnée bon sang. Il est l'heure qu'il était tout à l'heure plus...
- Je sais.
- Si vous pensez que je ne vous ai pas entendu parcourir le train de long en large en demandant l'heure à tout bout de champ, c'est que vous êtes un idiot.
- C'est possible. Mais personne ne me donne l'heure, et j'ai perdu ma montre, et vraiment je ne vois pas en quoi c'est un embêtement, je demande l'heure, rien d'autre.
- Vous êtes un phénomène.
- Je ne sais pas. Je suis un phénomène qui ignore l'heure.
- Inventez là.
- Mais pourquoi?
- Pour la savoir.
- C'est que...
- Je crois que vous ne savez pas vraiment ce que vous voulez monsieur. Vous faites quoi dans la vie?
- Je suis le pape.
- Vous êtes le pape!
- Non, je suis le pape.
- J'ai bien compris. Je suis étonné, très étonné. Vous êtes le pape!
- Non, non. Je suis le pape. Je marche avec lui, si vous préférez.
- Je ne préfère rien. Vous êtes le pape ou pas?
- Je suis le pape. Je ne suis pas le pape.
- Il faudrait savoir!
- Vous avez l'heure?

30 mai 2006

Il faut la poster...

Tu vas te souvenir, hein? Il faut poster cette lettre.
Je raccroche.

Les taxis vont et viennent à la gare du nord. Des passagers en sortent, d'autres y entrent, pressés, visages ouverts ou fermés, manteaux sur l'épaule, bagages à la main.
Je déjeune à une brasserie. Je ne sais pas pourquoi j'aime les ambiances dans les gares le midi, en toutes saisons. J'aime être dans un lieu qui est un lieu de transition, de passage, où l'on ne reste pas, où l'on ne reste jamais.
C'est l'été. Le 21 Juin. Il fait chaud et beau. Les vacances approchent. Les miennes ont commencé depuis un mois. J'ai quitté un pays, une université, sur un coup de tête. Depuis je vais de gare en gare, en sortant de chez moi le matin à 8h00 précises. Je ne vais pas dans les musées, mes musées favoris, Picasso, Jeu de Paume. Je ne vais pas dans les parcs, ni le Luxembourg, ni Montsouris. Je ne traîne pas dans les rues du 15ème arrondissement, je ne prends pas les bus au hasard jusqu'au terminus. Je travaille moins, je n'en ai pas besoin de toute façon. Je pourrais mais j'ai décroché tous les téléphones du grand appartement, tous sauf mon portable où mon père laisse le même message chaque jour, à midi pile: tu vas te souvenir, hein? Il faut poster cette lettre.

Elle est dans ma poche. Timbrée. Prête. Je ne l'ai pas ouverte. Elle est destinée à une inconnue qui habite en Autriche. Elle pourrait vivre ailleurs, ce serait pareil. J'imagine que mon père s'est entichée d'une nouvelle poule. Il a dû larguer la précédente, comment se prénommait-elle déjà? Louise, Louison? Elle se prenait pour une actrice. Elle avait quelques années de plus que moi, mais 'elle en a déroulé du câble' comme disait mon frère aîné. Lui non plus ne travaille pas. Il est barman dans une boîte du 14ème. 'En attendant mieux', rigole t-il. 'Elle n'est pas très drôle notre vie Anne, hein?' commente t-il quand nous sommes assis à un café, lunettes de soleil au bord du nez, comme des voyeurs indécents et indécis, juste ennuyés, buvant lentement leur verre avant d'en commander un autre, de recroiser les jambes, les bras, et de fermer les yeux quand un rayon de soleil solitaire, un peu rebelle, fond sur eux. 

Il est midi deux ou trois. En face de moi un couple est assis. L'homme me tourne le dos, un pilier masque une partie de son corps. La femme me fait face bien qu'elle ne regarde jamais dans ma direction. Elle lit un journal, un quotidien anglais. L'homme, je crois le deviner, porte des lunettes. La femme aussi. Elle a une mise en pli un peu ramollie, une mise en pli comme on n'en fait plus, on a dû voir les dernières dans des films à la télévision. J'en déduis que le couple a la soixantaine, ou alors pas, ils aiment simplement avoir l'air de venir d'une autre époque, le milieu des années 80. Il y a une grande valise près d'eux sur laquelle son posées leurs vestes. Est-ce la première fois qu'ils viennent à Paris? Y viennent-ils au contraire souvent? Pourquoi Paris? Pourquoi pas? Rien n'indique qu'ils sont des touristes. Peut-être habitent-ils Paris et peut-être partent-ils en voyage en France ou ailleurs?

Au fond, il est très difficile de connaître les gens. Pour le faire il faut échanger avec eux. Leur apparence ne nous apprend rien ou si peu; parfois même elle nous trompe franchement car autour d'elle nous bâtissons des hypothèses que la vie ensuite ne cesse de brouiller, ne cesse de contredire. Nous projetons sur les gens des idées qui ne sont pas forcément les leurs. Peut-être que ce couple se fâcherait si je lui disais qu'il ressemble à l'idée que je me fais d'un couple d'Américains aisés, un peu âgés, accomplissant une tournée européenne, comme les vieilles stars d'Hollywood, comme on pouvait encore prendre le temps de le faire au début du siècle où les voyages étaient lents, comme les visites. Oui, si le couple se fâchait, il aurait raison. Rien sauf des préjugés ne nous permet de croire ce que l'on veut croire des gens qui vivent et avancent autour de nous.

Il n'est pas interdit cependant d'inventer. Entreprise certes un peu ridicule et faite pour ceux qui ont du loisir. Comme moi ce 21 Juin, à la gare du nord, en regardant un couple devant moi, un couple qui ne fait même pas attention à moi, qui ignore que je cherche à savoir qui il est, ce qu'il fait là, où il va, pour savoir, pour l'oublier ensuite.

22 mai 2006

Grieve

Il regarde le ciel au dessus de lui.
Le ciel le noie.
Il est debout malgré tout, malgré la fatigue qui pèse sur ses épaules. Sa chemise est devenue trop grande. Son pantalon flotte sur les jambes amaigries. Ses mains n'ont pas de force, elles sont devenues si légères, pense t-il. Il les cache dans ses poches. Son coeur se remplit et se serre pour faire de l'espace. L'homme s'aperçoit combien sa respiration est devenue lente. Elle n'est pas apaisée. Quand il monte les escaliers son souffle est court, raréfié, comme dans un tuyau bouché.
L'homme touche ses bras. La peau est très blanche, des veines bleues courent dessous, une ligne interrompue. Il aimerait que la ligne devienne un mot, puis plusieurs mots, et enfin une phrase. Qu'aurait à dire son sang malade?

Devant le petit bureau de sa chambre, la fenêtre est ouverte. Elle fait entrer des poussières de chaleur. C'est là que la nature échoue, sur sa machine à écrire qui se tait maintenant. Fini le clicquetis du matin et du soir. L'homme aussi est silencieux. Les mots deviennent des étrangers pour lui. Avant il les aimait et lui l'aimaient également. Maintenant c'est fini. L'homme sait qu'il va viellir encore, et cette fois plus vite. Un jour il n'aura plus assez de force pour porter son corps. Un jour la mort viendra près de lui, elle lui parlera et ensuite elle partira, sans le prendre encore, en lui laissant ses peurs. Alors l'homme jettera ses livres, ses stylos, tout ce qui l'identifie aujourd'hui à un écrivain, et il s'endormira comme une ombre...

L'écrivain marche dans la villa, avance dans chaque pièce comme un visiteur, regarde les choses patiemment. Il entre dans la chambre de l'épouse. Il voit les vêtements posés sur le lit. Sa main s'arrête sur l'oreiller qu'il prend et porte à son visage. Il reste ainsi jusqu'à ce que, un moment, la tête lui tourne. Il s'assoit sur le bord du lit et repose l'oreiller. Il attend, les mains sur ses genoux, attend que le vertige passe.

Il descend l'escalier. Dans sa chambre une cigarette finit de se consumer. La fumée part dans l'air comme les signaux d'un message. La mort est une vieille chose, comme le temps, et l'écrivain pense qu'il n'est prêt à affronter ni l'une, ni l'autre.

21 mai 2006

Quand j'avais 13 ans je me voyais gagner un

Quand j'avais 13 ans je me voyais gagner un tournois du grand chelem.

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En finale mixte de Wimbledon mon adversaire est le Suédois Stefan Edberg. Il joue service/volée, comme moi. Mais tu peux aller te rhabiller Stefan Edberg; la ressemblance s'arrête là. Je te flanque un 6/0 6/0 6/0 en pleine vue. Standing ovation. God save me, et la fripée Queen peut aller se faire cuire un oeuf à Balmoral. Yes! Poing levé. Ô peuple d'Albion: Les Frenchies ne traversent jamais la Manche pour rien. Rappel: Guillaume, Cantona, etcaetera.

Le match entre dans les mémoires et les dictionnaires. Passings shots, lobs ajustés, David se débarasse encore de Goliath, PAN, smash, lift, et jeu, set et match. C'est moi sur mon carré de court, impeccable stratège je suis, Yoda n'a plus qu'à retourner à la maison de retraite, la force est de mon côté. Ace en pagaille. J'efface les lignes de service à force. Ma balle dévisserait la tête d'un missile. J'ai un poignet de fer, à la Pat Cash, et une intelligence du jeu égale à celle de Matts Wilander. Je joue les lignes, les coups décroisés, les amorties qui filent le cafard et donnent envie à Stefan Edberg de déclarer forfait.

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Je suis rapide et précise.
Elégant Stefan ne bouge pas. Il reste sur place. Sceptique. Un peu dégoûté quand même.

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...LE RESTE...
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