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...LE RESTE...
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5 avril 2006

Cette ville que je ne connaîs pas...

Je regarde les ruines dans la vallée de la Bequaa, à Balbek. Sur la carte la Bequaa est pareille à la partie intérieure de cette lame de poignard à quoi ressemble le Liban. J'entends les cordes du rababe qui traversent l'air, qui tremblent en moi. Je vois d'autres ruines. Maintenant je vois ton immeuble comme un corps vérolé, abandonné dans son dénuement, posé sur sa souillure, accroché à son agonie. Dans ses renfoncements pareils à des orbites creux, je vois apparaître des têtes d'enfants aux cheveux sombres. Ils rient. Je les entends courir. Es-tu avec eux? Yasmine. Ici j'ai entendu qu'on t'appelle Mina. Je marche dans ta ville sans rien voir. Je marche à l'abri, contre les murs, sous les balcons roses, ma main glisse sur les façades grises. Je me tiens droite. J'ai ma vie ailleurs. Je dois partir vite. Je voudrais rester. Te trouver. Avant d'entrer dans ce taxi, au secteur 65, avant, avant, avant. Tu disais les poèmes de Nadia Tuéni. Tu disais en silence. Tu disais que ta voix n'était pas la sienne. Tu disais 'il faut quitter ce pays'. Tu disais que les gens qui vivent perchés au dessus de la mer ne peuvent être que mélancoliques. Tu me disais 'je veux lire tes archives sentimentales'. Il y avait du vert d'eau dans tes yeux noirs et une larme dans tes rires. 

beyrouth

Ecoute,
toi dont la voix fait de grands gestes
et dont les bras sont chant d'oiseau, écoute:
la ville blanche est un tombeau.
Ne crains ni le soir ni l'ennui,
tous deux ouvrent sur un jardin.
Ne crains ni l'amour ni la nuit,
la mort est un chariot faisant route vers l'est,
la vie n'est que la vie, simple abri du regard.
Ecoute.
Il y a sur ton ombre des chemins de quiétude.
Absolue.

[Nadia Tuéni]

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