Je vois la Seine se couvrir d'écailles d'or quand

Je vois la Seine se couvrir d'écailles d'or quand je marche sur le pont Sully-Morland et que l'Institut du Monde Arabe projette ses lumières en direction de l'Ile Saint Louis.

Mes nuits à Paris sont des courtes-échelles dans le temps. Je grimpe sur les trottoirs comme on grimpe aux arbres, et je marche sur leurs rebords comme on marche sur une branche, espérant qu'elle ne se brisera pas.

Je respire l'air froid de l'hiver transportant les miasmes de la capitale, cette odeur unique qui change à tous les quartiers et qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. L'odeur de Paris, des pots d'échappement et des pelouses délavées, réduites à des peaux de chagrin. L'odeur des journaux du matin, du café noir qui donne la nausée, l'odeur des égouts et celle des boulangeries, et parfois même le mélange collant des deux.

J'ai quitté Paris sur un coup de tête et j'y suis revenue dans les mêmes conditions, la tête plus pleine cependant. J'entre dans Paris comme on traverse un voile pour découvrir des choses innatendues.